Mener une investigation


Voici une section pour donner quelques pistes sur la manière de mener une enquête, ou encore, sur comment obtenir des informations à partir de sources très diverses.

Bien sûr, c'est à vous aussi en tant que joueurs, selon le background de votre personnage, ses relations, sa position sociale, son réseau professionnel, le déroulement particulier du scénario, les interactions entre les divers protagonistes de l'histoire etc. de faire preuve d'imagination pour obtenir des renseignements qui pourrait vous être utiles.

Si l'aventure vous amène à mener une enquête, tous ces éléments auront peut être une importance à un moment ou un autre.

Nous allons passer en revue les grands "classiques" : la police, la presse, les bibliothèques, etc. Et nous allons aussi tenter de donner quelques clés quand au fonctionnement de ces institutions (en France pour le moment, et plus tard au fur et à mesure des mises à jours : en Angleterre probablement).



Explorer, fouiller, relever des indices


La première étape, primordiale, si un crime ou un événement particulier vient à se produire et si l'endroit et l'environnement le permettent, consiste à minutieusement fouiller les lieux.

Il est en effet possible qu'au cours de vos aventures, vos personnages soient confrontés à des crimes, des manifestations étranges, voire - ce qui ne manquera pas d'effrayer les honnêtes citoyens - de devoir obtenir des informations et des indices en vous rendant directement à des endroit interdis. Par exemple : s'introduire chez une victime pour trouver des indices ou encore consulter en douce des archives non publiques, s'introduire chez un suspect pour collecter des indices, etc. Dans ce cas, à vous de jouer de finesse - ou pas - pour trouver un moyen de faire tout cela sans éveiller de soupçons.

Revenons sur la scène d'un crime, d'un délit ou d'un événement. Même si vos personnages n'ont pas de compétences de fouilles, de savoir -faire en détection ou en repérage, vous pouvez toujours, en décrivant soigneusement vos actions et en imaginant ce qu'il y aurait à fouiller, repérer, relever, etc. trouver des éléments qui vous aideront - ou non - dans vos investigations. Tout cela, sans avoir besoin de réussir un jet de dés compliqué (le MJ est bienveillant !).

La narration, les idées, le "role-play", quelque soit la situation, seront en général toujours récompensés. 

Bien sûr, si dans votre groupe l'un des personnages a des compétences prévues pour certaines situations de recherche, n'hésitez pas à l'encourager à s'en servir ! Surtout s'il oublie.

Par exemple, des compétences en médecine peuvent être un plus pour l'analyse d'une scène de crime pour déterminer la cause des blessures, de la mort, etc. Tout en gardant aussi à l'esprit que trouver un moyen - par affinité, par corruption, par manigances etc. - d'avoir un accès à la morgue et à des spécialistes en médecine légal - le XIXe siècle étant le début des innovations en matière de police scientifique ! - pour compléter les renseignements obtenus peut être un plus non négligeable.

N'hésitez pas non plus à chercher des témoins, proches ou éloignés d'une scène de crimes ou d'un lieu où il se serait passé des choses "étranges" et à les interroger. Restez attentifs à leurs réactions, il peuvent dire la vérité, cacher des choses ou quelqu'un, ou bien même, mentir éhontément pour couvrir un crime ou une connaissance, et dans ce cas quelle est leur motivation ? La peur, l'argent, le pouvoir, l'ignorance, etc.


La Police


Tout d’abord quelques dates qui permettrons de "situer" le contexte et les prémisses des méthodes "scientifiques" utilisées par la police pour résoudre une enquête. Notez bien, au vue des dates, qu'à l'époque où vous jouez, c'est à dire autour de 1900, certaines techniques n'en sont qu'à leurs balbutiements. Si dans une grande ville on peut fort bien trouver un policier féru de progrès, par contre à la campagne - sauf à de très rares exceptions près - on risque de tomber sur un service de police "vieille école".


1810 / 1830

Mathieu Orfila (1787 - 1853) médecin et chimiste, publie en 1813 un traité de toxicologie, vers 1835 en parallèle du chimiste écossais James Marsh, il développe un test de détection de l'arsenic (poison très utilisé car les symptômes sont équivalent à ceux d'une péritonite et on ne savait pas faire la différence). Il est également un des premiers à utiliser le microscope pour rechercher des traces d'éléments biologiques dans le sang.

1835

La "preuve" par Scotland Yard : Henry Goddard résout une affaire criminelle en démontrant que les balles de l'arme d'un crime provenaient toutes d'un même moule et comportaient donc une empreinte similaire.

Années 1840

La police belge commence à utiliser la photographie pour répertorier les criminelles. En France, le Dr Alexandre Lacassagne remarque qu'une balle tirée par une arme particulière comporte des stries caractéristiques (prémisse de la balistique) et évoque le besoin urgent qu'a la police à se doter de moyens modernes pour constituer des fichiers de criminelles en vue d'identification.

1868

Création de l'Institut de médecine légale de Paris.

1876

Théorie du "criminelle né" de Cesare Lombroso (1835 - 1909) (Hérésie aujourd'hui !)

1880

Henry Faulds, chimiste écossais travaillant à Tokyo publie un article suggérant que les empreintes digitales découvertes sur les lieux d'un crime peuvent aider à identifier les criminelles.

1881

Première salle d'autopsie française créée à Paris par le Pr Paul Brouardel

1887

Première aventure de Sherlock Holmes publiée par Sir Arthur Conan Doyle, il invente ainsi le premier "détective scientifique".

Années 1880 et suivantes

Alphonse Bertillon (1853 -1914) créé un système d'identification par mesures du corps vite intégré par la police. Chaque fiche anthropomorphique est abondamment illustrée de photographies.

1891

Publication d' "Enquêtes criminelles" par Hans Gross, magistrat et professeur de loi criminelle en Autriche. Premier ouvrage qui décrit comment utiliser diverses preuves physiques pour résoudre un crime.

1892

Publication d' "Empreintes digitales" par le Dr Francis Galton.

1900

Découverte des différents groupes sanguins humains.

1910

Edmond Locard (1877 - 1966) inspiré tant par Hans Gross que Sherlock Holmes, père du principe de l'échange (cf ci après) ouvre le premier laboratoire de police scientifique à Lyon.

Le principe d'échange de Locard, détermine que lorsque deux corps entrent en contact l'un avec l'autre, il y a nécessairement un transfert entre ceux-ci. En d'autres termes, lorsqu'un acte criminel se produit, l'individu responsable laisse des traces de sa présence et emporte avec lui des traces du lieu où il se trouvait.


La police en France à cette époque


Elle n'a pas forcément l'aval de la population ! C'est une période ou le contexte politique et sociale n'est stable que depuis très peu de temps. Le XIXème a plutôt été chaotique. Entre les guerres, les révolutions et la succession des régimes, la police a la plupart du temps été un outil de répression politique et de maintien de l'ordre, réprimant parfois violemment toute opposition au régime.

On ne voit pas forcément le policier comme le gardien bienveillant des droits du citoyen. Pourtant doucement la police se modernise, emploie des méthodes de plus en plus scientifiques, forme ses agents et tente de mieux communiquer entre ses différents services et entre les différentes villes. Elle coopère aussi et avec d'autres institutions comme par exemple la gendarmerie (qui dépend de l'armée et qui veillent sur les routes et les campagnes) ou les gardes-champêtres dans les villages.

Elle utilise aussi peu à peu les moyens modernes pour se déplacer : la bicyclette en ville, bientôt les automobiles (création de la brigade mobile en 1907, qui sera surnommée "les brigades du Tigre" en référence à Clemenceau dans les années 1920).

Mais globalement elle a peu de moyen. Le salaire d'un agent de base n'est pas extraordinaire. Sur le terrain elle a recours a des indics, ses différents services ne s'entendent pas forcément bien et ont parfois de très mauvaises réputations. Citons par exemple "la mondaine" (la brigade des mœurs) en charge des maisons closes et des filles publiques, dont les inspecteurs ont la réputation d'être aussi dépravés et corrompus que les milieux qu'ils fréquentent.

Ajoutons à cela une organisation très centralisée (par exemple à Paris) et une lourdeur judiciaire non négligeable et on peut comprendre aisément que la police de cette fin de siècle n'est pas forcément d'un grand secours dans les enquêtes. Surtout pour l'étude des cas un peu particuliers auxquels les aventuriers du paranormal seront confrontés.

Mais qui sait, au hasard des rencontres, des éventuelles coopérations, rien n’empêche de pouvoir trouver des policiers attachés aux méthodes modernes et ravis d'aider ou de recevoir de l'aide pour résoudre une affaire. Ou bien, tout l'inverse, il y a encore des commissaires très hermétiques, formés aux vielles méthodes et pas du tout disposés à coopérer.


Sources

https://criminocorpus.org/fr/outils/bibliographie/consultation/themes/14719/

Suplément pour Cthulhu - Forensic, Profiling & Serial Killer d'Emily Tibbats (Merci David !)

Livret de Maléfices

Wikipédia


Consulter les archives, les journaux, les bibliothèques


Vous recherchez des informations sur un événement particuliers, un personnage plus ou moins public ou bien vous voulez effectuez des recherches sur un sujet compliqué, en discuter avec des spécialistes, faire traduire un document ou encore faire expertiser un objet, et tout un tas de chose diverses qui demandent des savoirs particuliers ou des rencontres précises.

Vous avez à disposition une multitude de sources d'informations. Les bibliothèques et les musées tout d'abord, voire même certaines librairies. Certes on ne rentre pas au Louvre pour parler peinture flamande du 16e avec le premier conservateur venu comme on irait acheter des pommes de terre, mais en se renseignant en amont, en collectant le nom de spécialistes, en se présentant poliment à un accueil on peut toujours obtenir un rendez vous. Un peu de bon sens, de présentation et de diplomatie permettent souvent d'obtenir pas mal de renseignements et d'accéder plus ou moins facilement à des lieux qui permettent des recherches. Et là encore, en fonction de la profession de votre personnage et de son réseau n'hésitez pas faire jouer vos propres références pour trouver des informations si besoin.

Les journaux constituent aussi des mines d'informations conséquentes, aussi bien sur des personnalités que sur des lieux. Les grands journaux ont leur propres archives, on peut se lier d’amitiés sur l'instant ou dans la durée, à quelques journalistes pour se créer des accès. Il y a des journaux de tous bords politiques en 1900 - attention à ne pas froisser les susceptibilité en fréquentant des journalistes concurrents ! Et il y a aussi des journaux pour tous les sujets : sciences, politique, faits divers, personnalités, sensations fortes, on trouve de tout !


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